Participation du LLL à la Journée Internationale des Droits des Femmes

Le Laboratoire Loiret de la Laïcité a le plaisir de vous annoncer sa participation à la célébration de la Journée Internationale des Droits de la Femme organisée avec les associations et mouvements féministes, en partenariat avec la métropole orléanaise, le 8 mars 2024 à La Source. 

Femme et laïcité, un lien évident.

Pour cette édition 2024, le Laboratoire Loiret de la Laïcité souhaite célébrer les liens entre l’émancipation des femmes et la défense de la laïcité. Le principe constitutionnel de laïcité promeut la séparation entre les institutions religieuse et l’état. Les revendications féministes ont permis d’assurer à toutes une pleine égalité des droits et des devoirs, tout en combattant également les discriminations sexistes que pourraient générer l’application de normes religieuses dans la société. La laïcité protège les personnes. Elle empêche toute discrimination, toute haine envers notamment les femmes au motif d’un culte. La laïcité permet également d’assurer la liberté de conscience des femmes en matière de choix religieux ou non. Les féministes luttent également pour la protection de la liberté individuelle des femmes.

En tant qu’association dévouée à la laïcité, le Laboratoire Loiret de la Laïcité souhaite prendre une part active à la défense des droits des femmes et à la promotion de l’égalité des sexes. Tout comme l’année précédente, les membres de notre association seront présents pour échanger avec vous, répondre à vos questions, vous conseiller. N’hésitez pas à venir nous rencontrer.

Quand Robert Badinter plaidait pour la mémoire de Jean Zay à Orléans

Publié avec l’aimable autorisation de Pierre Allorant, Doyen de la faculté de droit de l’Université d’Orléans, président du Conseil économique social et environnemental de la Région Centre.

Le 23 novembre 1996, à l’invitation du doyen de la faculté de Lettres, Langues et Sciences Humaines de l’université d’Orléans, Claude Michaud, Robert Badinter prononce ce discours d’hommage lors de l’inauguration de l’amphithéâtre Jean Zay.
Après une décennie passée à la Présidence du Conseil constitutionnel, Robert Badinter est alors sénateur des Hauts-de-Seine et ami du maire d’Orléans, Jean-Pierre Sueur, réélu brillamment aux municipales de 1995.

« Je considère comme un devoir de reconnaissance et de piété pour tous les républicains de célébrer la mémoire de Jean Zay. Et je considère comme un honneur que vous m’ayez invité à le faire, devant vous. Mesdames, qui êtes ses enfants, devant vous, Monsieur le Maire, premier magistrat de cette ville où il est né et qu’il a tant aimée, devant vous, mes chers collègues, qui incarnez l’Éducation nationale qu’il a si bien servie, et surtout devant vous, étudiants de cette université, parce que de nous tous qui sommes ici réunis, c’est votre présence qui lui aurait été la plus précieuse.
Et c’est donc à vous que je m’adresserai tout particulièrement en parlant de Jean Zay. Il est en effet des hommes – rares il est vrai – dont la vie est enseignement et message. Non pas qu’ils l’aient voulue telle. Ceux qui vivent en pensant à la postérité généralement ne font que poser pour elle. Et le culte de leur image remplace pour eux les vertus de l’action.
Tout autre est le cas de Jean Zay.
Parce que son existence même, assez brève puisqu’il a disparu à quarante ans, procède d’une constante et puissante inspiration, qui lui donne une unité et une densité exceptionnelle et permet, à celui qui tente d’en déceler le sens profond, de définir cet homme et sa vie d’un seul mot, un des plus beaux mots qui soient, et qui nous est à tous si cher : Jean Zay, un Républicain.
Républicain, il le fut d’abord de naissance.
Même si la passion de la République n’est pas inscrite dans les gênes, il est des familles où la République est partout présente dans la culture reçue, les valeurs enseignées, l’atmosphère respirée. Ainsi pour Jean Zay.
Son grand-père Élias, juif lorrain, patriote et républicain, avait choisi en 1871 la France et la République, et s’était établi à Orléans.
Son père, Léon, laïc, franc-maçon, dreyfusard, dirigeait le quotidien socialiste [en réalité radical-socialiste ndlr] Le Progrès du Loiret. Il avait, pendant la Première Guerre mondiale, servi au front et gagné la croix de guerre.
Sa mère, Alice Chartrain, était issue d’agriculteurs beaucerons. Protestante, elle appartenait à une famille et à une tradition puissamment imprégnée de républicanisme.
Républicain, le jeune Jean le fut par son éducation.
Il connut d’abord l’école primaire, la « laïque » ; creuset de la République. Puis, boursier, le lycée de la rue Jeanne d’Arc où il s’illustra à 18 ans comme lauréat du Concours Général en composition française. Puis il s’inscrit à la faculté de droit à Paris. En ces temps heureux où les études de droit n’étaient guère astreignantes, Jean Zay travaille comme clerc d’avoué, en même temps qu’il écrivait dans Le Progrès du Loiret et dans une revue qu’il avait fondée, Le Grenier, qui se voulait d’avant-garde.
Républicain, il l’était aussi par sa culture.
Il lisait toutes les grandes œuvres littéraires, historiques, philosophiques, il dévorait tous les auteurs, classiques ou modernes. Ainsi se donnait-il cette vaste culture sans laquelle l’homme politique ne peut faire qu’illusion, et qui seule peut, s’il en a le caractère, le transformer, l’heure venue, en homme d’Etat.
Républicain, Jean Zay l’était aussi par ses engagements.
Ardemment laïc, fortement ancré à gauche, à 21 ans, en 1925, il adhère au parti radical où il rejoint ceux qui deviendront les « Jeunes Turcs » du parti de la République.
En 1928, il ressuscite la section d’Orléans des Jeunesses Laïques et Républicaines.
En 1930, il en devient le vice-président, en même temps qu’il est délégué fédéral de la Ligue des droits de l’Homme et rejoint la franc-maçonnerie.
La politique était sa passion.
Ainsi, pour le jeune avocat et journaliste, la voie est ouverte : en 1932, à 27 ans, il est élu député radical de la première circonscription du Loiret. Il sera réélu en 1936 et deviendra Conseiller général en 1937.
Au sein du parti radical, comme dans le groupe parlementaire à la Chambre, il s’affirme comme le porte-parole de la gauche du parti. Il est l’ardent protagoniste de l’Union des Gauches, face aux menaces croissantes extérieures et intérieures.
Après le 6 février 1934, il condamne toute trêve ou compromis avec la droite.
Au congrès radical de Wagram d’octobre 1935, il incarne le Front Populaire.
Le 24 janvier 1936, il entre dans le gouvernement de transition d’Albert Sarraut comme sous-secrétaire à la Présidence du Conseil. Républicain, il va s’affirmer alors dans son action ministérielle.
Car être ministre, c’est d’abord servir la République. Après la victoire du Front Populaire, le 4 juin 1936, Jean Zay devient ministre de l’Éducation Nationale et des Beaux-Arts.
Il avait 32 ans. Il était le plus jeune ministre de l’histoire de la IIIe République.
Léon Blum dira plus tard de lui :
« Du radicalisme, Jean Zay représentait la tradition la plus pure, celle que, dans les générations qui ont précédé, ont incarné un Camille Pelletan, un Léon Bourgeois, un Ferdinand Buisson, celle qui s’est toujours efforcée de fonder l’action sur une philosophie politique… Je n’hésitai pas à enfreindre pour lui les règles non écrites du cursus honorum et à lui confier l’un des plus importants et peut-être le plus noble des départements ministériels, celui de l’Éducation Nationale ».

Cette fonction, Jean Zay l’assumera pendant quarante mois, jusqu’à la déclaration de guerre, à travers cinq gouvernements. Et l’on dit que la IIIe République était le temps de l’instabilité ministérielle !!!
Il est ainsi des carrières rares où un homme incarne une fonction ministérielle plus encore qu’il ne l’exerce. Ainsi en fut-il pour Briand aux Affaires Étrangères, Clemenceau à l’Intérieur et aussi pour Jean Zay à l’Éducation Nationale. Car en Jean Zay demeurait vivante la pensée de Condorcet qui avait guidé les fondateurs de l’école de la République.
Il n’est d’hommes libres que ceux que la raison conduit, et la raison ne peut être éclairée que par l’Instruction publique, également accessible à tous, sans distinction de sexe, de race ou de religion. Ainsi le destin de la République se confond avec celui de ses enfants et de ses jeunes. Et l’avenir de la République est confié à ses maîtres, du premier niveau aux sommets de l’université.
Telle était la conviction de Jean Zay et de toute l’équipe qu’il avait réunie autour de lui, en ces temps de lutte et de progrès : Jean Cassou, Marcel Abraham, et, aux Beaux-Arts, qui dépendaient de son ministère, Georges Huisman.
Ainsi l’œuvre accomplie fut considérable.

Dans l’école primaire : introduction de l’éducation physique quotidienne et obligatoire et des activités « dirigées » (une demi-journée par semaine de classe en plein air, visite de musées, etc.).
Dans le secondaire : pour une pédagogie nouvelle, dédoublement des classes de plus de 35 élèves, construction de nombreux grands lycées à Paris et en province, expérience des classes d’orientation au niveau de la 6e (ardemment combattue par la droite qui y voyait la tutelle intellectuelle de l’État sur l’avenir des enfants).
Enseignement supérieur : unification de l’enseignement supérieur féminin : le même pour Sèvres et la rue d’Ulm. Démocratisation par la multiplication des bourses pour étudiants, création de deux CNRS, pure et appliquée.
Trois grands projets de lois en examen au Parlement :
Dans le primaire : renforcement de la formation des instituteurs.
Dans le secondaire : orientation des élèves.
Dans le supérieur : création de l’ENA.
Enfin, dans le domaine des Beaux-Arts, grande politique de transformation des musées, réforme des Théâtres nationaux, statut du cinéma.
Telles furent les grandes lignes de l’action conduite malgré des adversaires politiques acharnés et les pesanteurs de l’administration.
Léon Blum, témoin de ses combats ministériels, écrit :
« Il tenait bien ce qu’il avait promis et tenait même davantage. Il alliait la sagesse à la fermeté et à une certaine intrépidité audacieuse. Il avait le scrupule de la réflexion intérieure et l’esprit de décision. Tout en lui respirait la noblesse de la pensée, le désintéressement, la loyauté, le courage, l’amour du bien public.
Tel était Jean Zay, Ministre de l’Éducation Nationale, et grand serviteur de la République.
Si l’on ajoute qu’il avait épousé en 1931 une femme admirable, mademoiselle Dreux, et qu’il avait deux filles qu’il adorait, Jean Zay apparaissait, à la veille de la guerre, comme un homme comblé par la vie. [En réalité, Hélène, cadette de Madeleine et de Jean Zay, est née au Maroc à l’été 1940 ndlr].
Le 2 septembre 1939, il n’hésita pas. Tout Républicain est un patriote. Jean Zay quitta immédiatement le gouvernement et rejoignit le front des armées, volontaire pour toute mission.
« Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es » dit le Prophète.
Jean Zay incarnait pour tous, amis ou ennemis, une certaine idée de la République laïque, sociale, généreuse, fondée sur les droits de l’homme et la Raison éclairée par l’instruction publique. Contre un tel homme, dont la carrière politique avait été si précoce et brillante, calomnies et attaques n’avaient pas manqué.
Bien qu’il fût protestant, c’était toujours le juif Jean Zay que l’on dénonçait. Bien que son origine fût lorraine, c’était le cosmopolite que l’on stigmatisait. En bref, la haine qu’il suscitait était à la mesure de ses talents et des services rendus à la République.
Quand la défaite s’abattit sur nos armées et que s’engloutit à Vichy la IIIe République, Jean Zay, comme Pierre Mendès France, comme lui jeune radical de gauche, jeune député, jeune ministre du Front populaire, comme lui combattant courageux, Jean Zay résolut de quitter la France avec d’autres parlementaires pour gagner l’Afrique du Nord et y poursuivre la lutte.
Ainsi la haine ne désarmait pas, ou plutôt elle armait le bras des bourreaux. Car pour ses ennemis, si la République devait renaître avec la défaite du nazisme, au moins que ceux qui à leurs yeux incarnaient ce qu’ils haïssaient le plus profondément ; les Juifs qui avaient tant servi la République par leur enseignement comme Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’Homme, ou au gouvernement, comme Georges Mandel ou Jean Zay, à défaut de Léon Blum lui-même, devaient disparaître avant que ne revienne le temps de la liberté. […]
« Mort, où est ta victoire ? » s’écrie le psalmiste. Elle n’est jamais acquise tant que demeure en nos mémoires le souvenir des justes. Jean Zay est assurément de ceux-là.
Quand nous regardons cette vie que la mort a changée en destin, Jean Zay nous apparaît tel qu’en lui-même il a toujours voulu être.
Il a aimé les siens du même profond amour qu’il a reçu d’eux.
Il a toujours été fidèle à ses convictions, à ses amis. Il n’a jamais, ni de près, ni de loin, été taché par la corruption des idées, des ambitions ou de l’argent. Il a servi la France et la République jusqu’au sacrifice de sa vie. Sans ostentation ni intolérance, mais avec calme et fermeté, il a soutenu sans faillir la cause de la Gauche qu’il avait faite sienne dès son adolescence.
Au temps où nous sommes, trop souvent marqué par l’incertitude, le charlatanisme ou la corruption, son souvenir nous est enseignement et encouragement.
C’est pourquoi il était juste que, en ce jour, un demi-siècle après sa mort, vous, jeunes gens d’Orléans, et nous tous, parents par le sang, ou amis par la pensée, nous nous réunissions pour célébrer, en ce lieu symbolique, la mémoire de Jean Zay. »

Robert Badinter 23/11/1996

Robert Badinter, le parfait humaniste

Fils des plus belles Lumières de notre civilisation, Robert Badinter s’est éteint, et c’est comme une étoile qui disparaît de notre firmament.

Chantre de l’abolition de la barbarie sous toutes ses formes, il était et demeure un exemple lumineux pour tous les sincères démocrates, pour tous les humanistes, pour toutes celles et tous ceux qui pensent que la vie des hommes et des femmes sur terre, vaut plus que tout.

Fervent laïque, il déclarait :

« La Laïcité est une source de fraternité civique qui apaise les tensions entre communautés »

« La Laïcité est aujourd’hui le garant de la dignité de l’être humain » 

« La Laïcité, qui implique l’interdiction de toutes les discriminations en raison de la foi ou d’un credo philosophique ou politique, est un bien légué par des générations de Républicains »

Robert et Élisabeth Badinter

Le combat continue.

Aidons madame Baranger à guérir le « complexe de laïcité »

La présidente de l’association Orléans Jeanne d’Arc vient de confier à la République du Centre son bonheur d’avoir assisté aux fêtes consacrées à notre Jeanne nationale, à la Nouvelle Orléans, Louisiane, États-Unis d’Amérique.

Profitant des louanges qu’elle dresse aux festivités du nouveau monde, et évoquant la distribution pendant le cortège auquel elle a participé, d’images pieuses[1] à la gloire de sainte Jeanne d’Arc, madame Baranger exprime son regret qu’une telle diffusion ne puisse avoir lieu lors des manifestations orléanaises. Et elle en connaît la cause : notre « complexe de laïcité qui bloque des actions ».

Voilà, la messe est dite. La vilaine laïcité ne permet pas le prosélytisme johannique et religieux dans les rues d’Orléans, pendant notre défilé johannique à nous.

Le Laboratoire Loiret de la Laïcité, association assurant la promotion des valeurs de la République et de son principe de Laïcité, souhaite apporter à madame Baranger quelques réponses utiles pour l’aider à soigner ce fâcheux complexe.

Non madame Baranger, la Laïcité n’est ni complexe, ni un complexe.

Tout d’abord la Laïcité n’est pas une idée complexe. C’est un principe simple à comprendre qui consiste à mettre les dogmes et les croyances, à distance des affaires publiques. C’est la meilleure solution que l’on a trouvée, en France en tout cas, pour garantir une totale liberté de conscience de tous les citoyens, et leur parfaite égalité, en droit, devant les lois de la République.

Ce principe est consacré par l’article 1er de la Constitution de la République qui dispose que « La République est indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Il est donc l’un des quatre fondements qui constituent le socle de la République française.

« La laïcité implique la neutralité de l’État et impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. Elle garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions. Elle assure aussi bien le droit d’avoir ou de ne pas avoir de religion, d’en changer ou de ne plus en avoir.

La laïcité implique la séparation de l’État et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens, et l’État ne régit pas le fonctionnement interne des organisations religieuses. De cette séparation se déduit la neutralité de l’État, des collectivités territoriales et des services publics, non de ses usagers. La République laïque impose ainsi l’égalité des citoyens face à l’administration et au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances. »[2]

La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes.

Liberté de conscience, liberté de pratiquer un culte sous réserve qu’il ne trouble pas l’ordre public, égalité des citoyens, neutralité de l’état et des services publics, … ce n’est pas si compliqué à comprendre.

La Laïcité n’est pas non plus « un complexe qui empêcherait l’action »

La thèse de la Laïcité liberticide, empêchement du libre exercice des religions, est historiquement celle des plus conservateurs catholiques et monarchistes qui entre 1905 et 1920 ont farouchement combattu la loi de séparation de 1905, avec le fol espoir de voir tomber la « Gueuze », la République honnie.

Il est remarquable que les intégristes d’autres religions, et particulièrement aujourd’hui de la religion musulmane semblent partager cette même approche pathologique d’une Laïcité à leurs yeux liberticide… alors qu’elle garantit au contraire le libre exercice des cultes sans que l’État n’ait son mot à dire, tant que l’ordre public n’est pas affecté.

Madame Baranger, soyons simplement heureux de vivre dans une République qui, au nom de la Laïcité, met la société à l’abri des passions, souvent tristes et mortifères, exacerbées par les intégristes religieux de tous bords.

Les fêtes de Jeanne d’Arc à Orléans sont depuis 2018 inscrites à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en tant que pratique rituelle et festive. Ne serait-il pas opportun de s’en tenir à cette belle consécration et éviter de vouloir relancer d’inutiles débats déstabilisants en inoculant de nouveaux ferments de division au nom d’une foi débordante.

Et, avec Jean Jaurès, rassurons nos amis croyants, grâce à la Laïcité, « La loi protège la foi, aussi longtemps que la foi ne veut pas faire la loi ».

(1) Les passionnés d’images pieuses à la gloire de la sainte Jeanne d’Arc (elle aura quand même attendu cinq siècles pour passer du statut d’hérétique brulée sur l’ordre des autorités ecclésiastiques de l’époque, à celui de sainte reconnue en 1920), peuvent certainement les trouver, en vente libre, à la cathédrale ou dans les paroisses orléanaises, ainsi que dans quelques librairies de la ville.

(2) https://www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite

Ils ont pensé la Laïcité

Ci-dessous, les six épisodes « Ils ont pensé la laïcité » diffusés sur France Culture en 2020.

Voltaire, Victor Hugo, Georges Clemenceau, Aristide Briand, Jean Jaurès, Mustafa Kemal Atatürk … 

Ce podcast dresse le portrait de six figures clés dans l’histoire de la pensée et dans l’exportation du concept de laïcité à la française.

Le retour des idées de haine, de rejet de l’autre, des fanatismes religieux qui n’hésitent pas à tuer et massacrer pour imposer leurs vérités doivent nous conduire, nous inciter à nous engager individuellement et collectivement en ne restant pas à nos balcons à regarder ce qui se passe dans la rue. 

Nous devons nous engager pour que les valeurs et principes que nous défendons ne se retrouvent pas sous la poussière des années qui les rendront inaudibles et invisibles et que le mot laïcité soit relégué au dictionnaire des mots perdus. 

Ce que nous défendons est moins confortable et plus exigeant que de se replier dans une pensée dominante qui est pour certains et certaines une posture plus agréable et confortable que de s’obliger à la réflexion, au libre examen qui permet la détermination de nos choix. Mais ce que nous défendons conduit à la responsabilité et à l’émancipation de tous.

Pour rappel, la phrase de Charb en 2012 : « J’ai moins peur des extrémistes religieux que des laïques qui se taisent » 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/voltaire-le-precurseur-1285986

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/hugo-l-imprecateur-3159996

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/clemenceau-le-lutteur-6801789

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/briand-le-conciliateur-6373410

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/jaures-le-fondateur-1136638

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ils-ont-pense/atatuerk-le-reformateur-4586090

Jean Zay, l’homme complet…

et le Théâtre Gérard Philippe aussi, ou presque avec près de 400 spectateurs, ce samedi 9 décembre pour une représentation de cette admirable pièce de théâtre, offerte au public orléanais par le Laboratoire Loiret de la Laïcité.

Une prestation théâtrale chaudement saluée par le public, qui a été suivie d’un échange avec la salle, Hélène Mouchard-Zay et l’acteur.

Le Laboratoire Loiret de la Laïcité a tenu a remercier tous ses soutiens logistiques et financiers qui ont permis l’organisation de ce spectacle :

  • La ville d’Orléans qui a mis à disposition le très bel équipement du Théâtre Gérard Philipe à La Source… et son personnel admirable de professionnalisme et de gentillesse ;
  • La Ligue de l’Enseignement du Loiret, le Cercle Jean Zay, les loges maçonniques orléanaises et blésoises, les éditions du Mail, éditrices des romans policiers de Jean Zay, les anciens de l’école normale d’Orléans.

Une mention particulière à la Fondation du Grand Orient de France, fondation reconnue d’utilité publique et qui œuvre dans le domaine humanitaire particulièrement en soutenant des associations, comme récemment en Arménie, au Maroc, en Syrie et en Turquie, en Ukraine, … mais aussi des associations qui, en France, promeuvent la culture, la défense des personnes précaires, les valeurs de la République… et le principe de la Laïcité.

La remise du « chèque » de la Fondation du GODF a donné lieu à une petite cérémonie avant de laisser la place au spectacle.

La représentante de la Fondation du GODF remet un chèque de 2500€ au président du Laboratoire Loiret de la Laïcité.

Nota : pour mieux connaître et soutenir cette fondation : https://www.fondation-godf.org/

Antisémitisme : signe avant-coureur des catastrophes

Publié le 16 novembre 2023 sur le site http://jncuenod.com/

Couverture du célèbre pamphlet antisémite écrit par Edouard Drumont en 1886.

Quelles leçons la caste politico-médiatique a-t-elle tirées de la manif du dimanche 12 novembre 2023 contre l’antisémitisme ? Aucune ou alors si peu. Il y avait pourtant de quoi se mobiliser avec l’explosion des comportements antisémites en France mais aussi en Suisse, en Allemagne et partout dans le monde.

Les gros médias se sont surtout focalisés sur ces navrantes questions: pourquoi le président Macron s’est-il défilé à ce défilé? Pourquoi la France Insoumise a-t-elle joué la vilaine boudeuse? Faut-il faire cortège avec ou sans le Rassemblement national? Doit-il marcher à côté, à gauche, à droite, derrière, devant? Et voilà le carrousel aux petites phrases si bien lancé qu’on en éprouve la nausée. Le pompon de la réaction lamentable a été décroché par ce pauvre Ciotti, de haute lutte. Car il y avait concurrence. Rude.

On s’en fout de vos histoires à communiquer dehors!

Macron n’y est pas ? Mélenchon non plus ? Marine Le Pen est là et pas tout à fait là ? Mais on s’en fout de vos histoires à communiquer dehors ! Royalement. Magistralement. Définitivement.

La haine antisémite déferle de toutes parts et de tous les milieux. Au lieu de colmater, on chipote sur Machin qui en fait trop, sur Truc qui ne fait rien, sur Macroméluche qui fait mal, sur Marine qui marine.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que Toutune-Chacune et Toutun-Chacun délaissent les gros médias et troquent leur bulletin de vote contre le ticket du tiercé.

Pas de hiérarchie des infamies

Fallait-il marcher contre l’antisémitisme de façon spécifique ou l’englober dans une dénonciation du racisme en général ?

Antisémitisme et racisme sont deux fléaux à combattre, et l’un et l’autre. Pas l’un plus que l’autre. Pas l’autre plus que l’un. Le fait de reconnaître leur différence de nature ne signifie pas qu’une sorte de hiérarchie des infamies serait ainsi établie.

Eaux polluées dans les deux cas mais qui proviennent de sources différentes (lire aussi cette note de Canopé, réseaux de formation des enseignants français).

– Le racisme se caractérise avant tout par le rejet, voire la haine de l’autre visiblement perçu comme n’appartenant pas au même groupe humain que le raciste, même si celui-ci et sa victime possèdent la même nationalité.

– Il se distingue de la xénophobie qui vise ceux qui n’ont pas la même nationalité que le xénophobe même s’ils appartiennent au même groupe humain visible.

– L’antisémitisme se présente sous une forme plus complexe.

De l’antijudaïsme à l’antisémitisme

Sous l’aspect de l’antijudaïsme, on en trouve des traces dans l’Égypte ptolémaïque et la Rome antique. Il s’est fortement accentué avec la séparation entre le judaïsme et le christianisme. Les chrétiens rejetant leurs frères aînés avec l’énergie du cadet qui veut ménager sa place au soleil.

Il s’agissait d’un antagonisme violent mais restreint au domaine confessionnel. Les chrétiens cherchaient à convertir le juif, de force souvent, mais sans l’anéantir du fait de son appartenance ethnique. « Un juif converti, cela ne fait pas un juif de moins mais un chrétien de plus » disait-on.

Si le mot antisémitisme a été forgé à partir de la langue allemande au XIXe siècle, ce qu’il signifie – à savoir la haine des juifs en tant que groupe ethnique –  est apparu quatre siècles plus tôt comme l’explique le Conseil des sages de la laïcité dans une note de juillet-octobre 2020:

Dès le XVe siècle en Espagne, la question de « la pureté du sang » (la «limpieza de sangre») introduisit l’idée d’une transmission héréditaire de la culpabilité. Un chrétien devait prouver qu’il n’avait pas d’ascendance juive pour accéder à certaines charges. Le rejet ne se faisait plus seulement sur une base religieuse, mais encore sur une base «raciale», c’est-à-dire en considération d’un lignage «pur». La conversion et le baptême ne lavaient pas de l’opprobre.

L’antisémite ne sait plus où donner du préjugé

L’antisémite est confronté à cet écueil : le juif ressemble à tout le monde, en tout cas aux Arabes ou aux Européens en fonction des nations de la Diaspora. Teint hâlé ou teint pâle ? Cheveux frisés noirs ou cheveux plats blonds ? Nez busqué ou nez droit ? L’antisémite ne sait plus où donner du préjugé.

Il tente de s’accrocher aux caricatures dont le juif est accablé. Seulement voilà, nombre de non-juifs leur ressemblent, à ces caricatures !

L’Allemagne nazie avait mobilisé ses pseudo-savants pour établir des fiches qui permettraient, à coup sûr, de distinguer le juif de l’aryen. Peine perdue.

Exemple de cet échec : l’architecte de la Shoah, le SS Reinhard Heydrich, a fait l’objet de rumeurs, tout au long de sa sanglante carrière, sur une supposée ascendance juive jamais démontrée alors qu’il correspondait exactement à l’allure physique des aryens telle que les nazis l’avaient décrite.

Une rage spécifique

L’antisémite est souvent taraudé, comme le fut Heydrich, par la crainte de porter un juif en lui.

Ce n’est donc pas seulement l’autre qu’il hait mais aussi lui-même. C’est ce qui fait le caractère particulier de l’antisémite et cette rage spécifique qui l’anime.

Les vagues d’antisémitisme forment souvent les signes avant-coureurs de bouleversements profonds, fondamentaux.

Aux marées des pogroms dans la Russie du XIXe siècle a succédé la Révolution bolchevique.

Après les poussées antisémites de la fin du XIXe siècle-début du XXe en France et en Allemagne, est survenue la Première Guerre mondiale qui a opposé les deux pays.

Quant à la montée de l’antisémitisme dans les années 1920-30, est-il besoin de rappeler comment elle s’est terminée ?

Un phénomène général

Depuis les atrocités commises par le Hamas en Israël le 7 octobre et les bombardements sur Gaza, les actes antisémites se propagent partout comme le démontrent les chiffres du ministère français de l’Intérieur, ceux d’autres pays récoltés par le quotidien La Croix et en Suisse par Le Temps et la Tribune de Genève.

– France : 1518 actes ou propos antisémites depuis le 7 octobre par le truchement de graffitis, d’insultes mais aussi de coups et blessures. Ce qui représente en cinq semaines le triple des actes et propos antisémites enregistrés pour toute l’année 2022.

– Grande-Bretagne : 1019 actes et propos antisémites sur la même période soit une hausse de 537% par rapport à la même période de l’an passé.

– Allemagne : 202 actes et propos antisémites (même période) soit une augmentation de 242% par rapport à la même semaine en 2022.

– Autriche : 165 cas de même nature, soit quatre fois plus que l’année dernière à la même période.

– États-Unis : la Maison-Blanche ne donne pas de chiffres précis pour l’ensemble du pays mais signale une « hausse alarmante des incidents antisémites dans les écoles et sur les campus universitaires ».

– New-York : 66 actes et propos antisémites, soit 164% de plus que l’an passé.

– Suisse : pays fédéral, la Suisse n’a pas encore fait remonter à Berne les statistiques cantonales. Mais les Communautés juives annoncent une recrudescence d’actes et de propos antisémites. Pour la seule Suisse romande, la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation) dénombre 146 actes antisémites depuis le 7 octobre soit cinq fois plus que durant la même période en 2022.

Il est à noter que ces actes sont intervenus alors que les atrocités commises par les terroristes du Hamas – filmées et diffusées par eux-mêmes – ne faisaient aucun doute quant à leur existence.

Le symptôme d’une profonde maladie

Le phénomène se généralise donc ce qui montre que nous sommes face à une vague antisémite de grande ampleur.

Comme les autres déferlantes du passé, celle-ci est le symptôme de la profonde maladie qui s’abat sur notre époque. Et annonce des lendemains de requiem.

S’il est probable, le pire n’est toutefois jamais certain. Même dans les situations les plus désespérées, le redressement reste possible.

Il n’y a plus grand chose à attendre des dirigeants actuels, dépassés par la dimension colossales des défis à relever. C’est avant tout aux peuples eux-mêmes de se ressaisir et de commencer par ne plus voter pour n’importe quel camelot communicant. S’ils en ont la force, ils dégagerons de leurs rangs, les élus aptes à affronter les périls.

S’ils ne l’ont pas, pauvres de nous!

Jean-Noël Cuénod